LE FONCTIONNEMENT DE L'OREILLE

L’oreille est l’organe de l’audition. C’est également un élément essentiel pour assurer l’équilibre du corps.
La cochlée a plusieurs fonctions : elle amplifie les vibrations qui lui parviennent.

L’oreille comprend trois parties :

  • L’oreille externe : Elle comprend le pavillon qui capte et concentre les ondes sonores ; le canal auditif externe par lequel transitent les ondes sonores ; ainsi que le tympan qui vibre sous l’effet de ces ondes.

  • L’oreille moyenne : Elle comprend la cavité du tympan, la chaîne des osselets (marteau, enclume et étrier). Ces osselets sont les plus petits os du corps humain, ils permettent de transmettre les vibrations sonores du tympan à l’oreille interne. C’est un milieu dit aérien.

  • L’oreille interne : Elle comprend deux ensembles fonctionnels : le vestibule, organe de l’équilibre, et la cochlée, dédiée à l’audition. C’est un milieu dit liquidien.

La cochlée appelée également limaçon en raison de sa forme d’escargot est le siège de l’organe récepteur de l’audition : organe de Corti. Il contient 2 types de cellules ciliées sensorielles : les cellules ciliées externes (CCE) et les cellules ciliées internes (CCI).

LE SON / LE BRUIT

Si le bruit inquiète moins les Français que d’autres problèmes environnementaux comme la pollution de l’air ou de l’eau, il n’en reste pas moins qu’il constitue une nuisance très présente dans la vie quotidienne de chacun. Deux tiers des personnes interrogées citent le bruit à leur domicile comme première source de nuisance (Enquête TNS SOFRES, 2010).

De même 67 % des actifs jugent leur milieu de travail bruyant (Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, 2005). À ces expositions subies s’en ajoutent d’autres, volontaires, lors des loisirs. Le cumul de toutes ces sources sonores peut avoir un impact sanitaire non négligeable.

QU’EST-CE QUE LE BRUIT ?

On parle de bruit pour désigner un son qui nous dérange, nous déplaît ou nous agresse. Comme tout phénomène vibratoire, le bruit se caractérise par son intensité (dB), sa fréquence (Hz) et sa durée.Il peut être continu ou impulsionnel (par à-coups).

BRUITS PROFESSIONNELS
BRUITS DOMESTIQUES
INTENSITÉ (DBA)
SENSATION

Décollage Apollo

Coup de fusil

170

Tir d’artillerie

Pétard

160

Avion au décollage

Crevaison d’un ballon

150

Dynamite

Klaxon de vélo

140

Marteau piqueur

Course automobile

130

Sifflet du train

Concert de Rock

120

Coup de marteau

Stade

110

Accélération d’un camion

Boîte de nuit

100

Douleur

Ambulance / Visseuse pneumatique

Cris de bébé / Lecteur MP3

95

Atelier machine / Scie circulaire

Tondeuse à gazon

87

Difficilement supportable

Scie à main

Métro

85

Sonnerie de téléphone

Sèche-cheveux

80

Ensemble de bureau

Aspirateur

75

Bruyant

Cantine / Restaurant

Réveil matin

70

Conversation dans un bureau

Lave-vaisselle

60

Supportable

Froissement papier

Réfrigérateur

45

Ordinateur

Chuchotements

30

Respiration humaine

15

Calme

0

Seuil d’audibilité

ÉCHELLE DE BRUITS

Les niveaux sonores émis par les baladeurs MP3 et les sonorisations sont réglementés par la loi, mais cela ne signifie pas que ces niveaux soient sans danger. Le niveau moyen est limité à 100 dB pour les baladeurs MP3 et à 105 dB pour les discothèques. Il faut avoir conscience que ces niveaux sont dangereux puisque la nocivité commence à 85 dB. La dose de bruit est l’énergie acoustique perçue par notre système auditif pendant un temps donné. Ce temps répond lui aussi à une règle logarithmique et non linéaire. Si le bruit augmente de 3 dB(A) le temps d’exposition doit être réduit de moitié. Ainsi: 8h à 80 dB = 4h à 83 dB = 1h à 89 dB = moins d’une seconde à 122 dB.

EXPOSITION

EN HEURES

EN MINUTES

EN SECONDES

BRUIT DB (A)

80

83

86

89

92

95

98

101

104

107

110

113

116

119

122

8

4

2

1

30

15

7

3

1

30

45

53

56

28

7

8/10

4/10

2/10

La sécurité de l’audition dépend directement du temps d’exposition au bruit. Le tableau précédent montre qu’il est impératif de porter une protection auditive en permanence même simplement en situation de risque de bruit, en effet, le temps de mettre sa protection en présence de bruit impulsionnel fort de plus de 110 dB(A) et la dose de bruit admissible de la journée peut être atteinte.
Ainsi si vous ne portez une protection auditive que pendant 90% du temps de l’émission du bruit vous perdez 70% de l’efficacité de la protection et non 10%.

BRUIT ET SANTÉ

Les effets du bruit sur la santé sont divers et ne se limitent pas uniquement à des troubles auditifs. Ils sont variables selon chaque individu, chacun ayant sa propre perception du bruit. Certes, l’oreille est la première touchée lors d’une exposition ponctuelle à un son de puissance très élevée (une explosion par exemple) ou lors d’expositions répétées à des sons de forte puissance (discothèques, concerts de rock, baladeurs, travaux bruyants, etc.) : un certain nombre de cellules nerveuses de l’audition sont alors définitivement détruites, entraînant des surdités plus ou moins graves.
Les effets du bruit sur l’homme sont nombreux : effets importants sur le sommeil, perturbations psychologiques et de comportement, perturbation de la qualité de vie, désordres cardiovasculaires, troubles digestifs, effets sur le système endocrinien, aggravation des états anxio-dépressifs, …

LE MONDE DU TRAVAIL

Les bruits au travail font l’objet de mesures de prévention et la surdité professionnelle est reconnue comme telle depuis 1968.
Aujourd’hui, en France, plus de trois millions de salariés sont exposés sur leur lieu de travail de manière prolongée à des niveaux de bruit potentiellement nocifs.
Un salarié sur quatre est exposé à des nuisances sonores pendant son travail, et 13 % subissent un bruit supérieur à 85 décibels.
Le bruit n’est pas une fatalité et l’employeur est tenu de le réduire au niveau le plus bas raisonnablement possible, compte tenu de l’état des techniques.
Cependant les habitudes professionnelles font que le bruit est souvent considéré comme une composante normale du travail qui engendre une sous-estimation du risque.

LES MOYENS DE TRANSPORT

Si l’intensité des bruits quotidiens n’est pas toujours élevée, le caractère invasif des bruits les rend parfois intolérables. On touche ici davantage à la dimension psychoaffective des bruits qu’à leur intensité physique.
Que ce soit le rail, la route, et plus encore les aéroports, les moyens et les voies de communication moderne sont sources de nombreuses nuisances sonores.
Peu d’entre nous ne sont pas exposés aux bruits. N’oublions pas que près de 80 % de la population française réside en milieu urbain.
Ainsi dans les 200 plus grandes villes de France, 30 % des plaintes sont dues aux aboiements !

LES EFFETS NON AUDITIFS DU BRUIT

Outre la perte d’audition, il a été démontré que le bruit modifie des fonctions neurophysiologiques de l’organisme par un effet de stress. Les systèmes cardiovasculaire, neuroendocrinien, respiratoire, digestif, oculaire, et surtout le sommeil et l’humeur, sont affectés par les nuisances sonores.
Cependant, les expériences sur ces effets ont eu lieu sur des durées trop courtes pour démontrer leur gravité et leur impact pathologique à long terme.
Toutefois certaines recherches montrent que les taux de consommation en médicaments (traitement contre l’hypertension artérielle notamment), et de consultations médicales sont beaucoup plus élevés dans les zones bruyantes (aéroport) qu’en zones calmes.

Sans surprise, le sommeil est l’une des activités les plus perturbées par le bruit. Comme les troubles du sommeil sont répandus et existent indépendamment du bruit, il est parfois difficile de savoir si la nuisance sonore est un bouc émissaire ou la cause de l’insomnie. Des chercheurs ont pu montrer que le bruit modifie la structure du sommeil et allonge l’endormissement. Si certains dormeurs s’habituent aux bruits nocturnes, les études tendent à prouver que cette adaptation ne diminue en rien les effets négatifs du bruit. On peut souffrir du bruit sans le savoir

PRÉCAUTIONS À PRENDRE

Se protéger du bruit tout le temps de l’exposition. En effet l’absence de protection pendant 5 minutes lors d’une exposition de 8 heures à un bruit élevé diminue son efficacité de 10 Db. Faire attention à la bonne mise en place d’une Protection Individuelle Contre le Bruit (PICB). Faire des pauses dans un lieu calme régulièrement. Diminuer le bruit. S’éloigner du bruit.

LES PREMIERS SIGNES D'UNE BAISSE DE L'AUDITION

Une mauvaise compréhension de la parole dans un lieu bruyant

Un des premiers signes est souvent une mauvaise compréhension de la parole dans un milieu bruyant, comme par exemple au restaurant ou à l’occasion d’une réunion de famille.

Faire répéter l’interlocuteur

Nous avons ensuite tendance à faire répéter notre interlocuteur et à répondre un peu « au hasard » parce que nous n’avons pas bien compris la question. Les sons nous paraissent assourdis comme s’ils étaient prononcés dans du « coton » ou encore ils sont difficiles à comprendre au point que l’on pense que l’interlocuteur prononce mal et parle « dans sa barbe » ou mange ses mots.

Augmenter le son de la télévision

Nous réglons le son de la télévision de manière anormalement élevé au dire de notre entourage.

LES CAUSES

Le Vieillissement

La « presbyacousie » (baisse de l’audition due à l’âge) est aussi fréquente que la presbytie (baisse de la vue due à l’âge). En général, la presbyacousie apparait 10 ans après cette dernière. Elle correspond à des mécanismes divers :

  • Perte de souplesse des osselets

  • Fragilisation du tympan

  • Disparition des cellules cilliées

  • Perte de la sélectivité fréquentielle

  • Dégradation des voies auditives

Nous ne sommes pas égaux devant ce phénomène qui touche des personnes à des degrés et des âges divers.

La perte de l’acuité auditive est le plus généralement graduelle. Le plus souvent elle se manifeste d’abord dans les fréquences aiguës.

Le bruit

Particulièrement insidieux, le bruit s’avère dangereux pour l’audition, ces causes en sont multiples :

  • Les bruits d’origine professionnelle sont souvent supportés sans protection.

  • La musique et les excès de décibels qu’elle entraîne dans certaines circonstances : discothèques, concerts, baladeurs, etc.

  • Nuisances urbaines : dans les grandes villes, les personnes sont exposées à un niveau de bruit supérieur à 65 dB essentiellement généré par l’automobile et les transports.

LES CONSÉQUENCES

Parmi les conséquences d’une déficience auditive, quel que soit son degré de gravité, les effets sur la vie sociale et psychologique sont parfois pesants. Mal entendre est encore mal connu, mal compris et mal accepté par la société. De plus, la perte d’un sens sur lequel repose essentiellement la communication est difficile à accepter.
Au début, le malentendant n’en a pas conscience ou refuse de l’accepter. Il s’habitue à interpréter et deviner les conversations en prenant comme support les mots qu’il perçoit. Mais petit à petit, la perte de l’audition devient handicapante dans le rapport avec les autres. L’isolement et l’incompréhension peuvent s’installer petit à petit ainsi que le repli sur soi et la perte de confiance en soi.

LES ACOUPHÈNES

Un acouphène désigne des bruits entendus de manière continue ou intermittente « dans l’oreille » ou « dans la tête » sans source sonore dans l’environnement. Ce phénomène commun affecte environ 15% de la population à un moment ou à un autre de sa vie.

Les acouphènes sont le plus souvent décrits comme des sifflements, des grésillements, des bourdonnements ou autre.
Il en existe deux types:

  • les acouphènes objectifs, qui peuvent être entendus par des personnes extérieures et dont l’origine est vasculaire où des défauts structuraux de l’oreille interne sont à rechercher.

  • les acouphènes subjectifs qui sont perçus uniquement par le patient et dont l’origine peut être fonctionnelle. C’est la majorité des cas (95%).

Les acouphènes ne sont pas une maladie mais un symptôme. Les causes des acouphènes sont nombreuses. Dans la majorité des cas ils surviennent de manière isolée. Ils ne peuvent pas être expliqués par une maladie.

Ils peuvent faire suite à :

  • un traumatisme acoustique (dû par exemple à l’écoute de musique à très fort volume) ;

  • une baisse normale de l’audition liée au vieillissement de l’oreille, ou presbyacousie ;

  • un bouchon de cérumen ou un corps étranger dans l’oreille souvent accompagnés d’une baisse de l’acuité auditive ;

  • une otite moyenne : inflammation de l’oreille qui se développe dans une petite cavité osseuse derrière le tympan (mince membrane séparant le conduit auditif externe et la caisse du tympan), en causant souvent des douleurs ;

  • l’otospongiose : maladie héréditaire entraînant un dysfonctionnement de l’oreille, responsable d’une surdité ;

  • la maladie de Ménière : affection de l’oreille due à une augmentation de la pression dans le labyrinthe d’origine inconnue. Elle entraîne des bourdonnements, une baisse d’audition et des vertiges ;

  • une atteinte du nerf auditif ou de l’oreille interne (partie la plus profonde de l’oreille) ;

  • un nombre important d’acouphènes ont une origine inconnue et s’installe insidieusement dans la « tête »

  • un nombre important d’acouphènes ont une origine inconnue et s’installent insidieusement dans la tête

Ils peuvent également être dus à des maladies comme l’hypertension artérielle ou à la prise de médicaments ototoxiques (toxiques pour l’oreille).

Les acouphènes ne sont pas une fatalité, ils doivent être pris au sérieux par l’entourage et le corps médical.
Toutes les approches thérapeutiques visent à rendre l’acouphène plus supportable sans chercher forcement à le supprimer. C’est le ressenti individuel de l’acouphènique qui le rend au quotidien plus ou moins invalidant et gênant.

La prise en charge d’un acouphènique doit être généralement pluridisciplinaire : ORL, audioprothésiste mais également, quand le besoin s’en fait sentir, psychologue, sophrologue et plus généralement tous les professionnels qui font pratiquer la relaxation (yoga, méditation, réflexologie plantaire, hypnose…) peuvent apporter un réel soulagement.

L’acouphènique doit s’adresser à des professionnels qui s’intéressent à ce symptôme et qui vous apporteront leurs conseils éclairés.

HYPERACOUSIE

L’hyperacousie se caractérise par un seuil de tolérance au bruit anormalement bas. Certains sons qui ne sont pas perçus comme forts ou désagréables par des personnes présentant une audition normale sont pénibles et/ou douloureux pour l’hyperacousique.L’approche thérapeutique de l’hyperacousie est généralement pluridisciplinaire (ORL, psychologue, audioprothésiste), le travail de l’audioprothésiste dans la démarche est d’adapter un générateur de bruit pour créer une stimulation auditive constante qui permet à terme une réadaptation du patient à un niveau sonore de la vie quotidienne. Cette réadaptation est un travail à moyen terme, généralement sur 12 mois.